mercredi, avril 30, 2008

Big sur

Au sud de Carmel
Il y a des montagnes
Posées comme des molaires
Sur
La bouche froide de l'océan
L'eau épaisse
Roule sa barrière de vague
Sur les rochers
Infatigable respiration
Et le surfer sur sa planche
Glisse en équilibre
S'appuyant de la main
Sur l'eau rendue solide
Juste un frôlement
Comme une prière
La promesse
Que l'éternité est là
Dans l'instant
Sous la lumière exacte
Du soleil couchant
En équilibre
Fragile
Sur ses ombres.

vendredi, avril 25, 2008

Fausse pointe

Au Lac fausse Pointe
Le vent dansait dans les arbres
Je veux dire
Qu'il dansait vraiment
Heurtant les branches
D'un pied léger, et
Soulevant la longue barbe
Des mousses Espagnoles
Comme un danseur
Qui tourne sur lui même
De branche en branche
Dans la chevelure des cyprès
Aux racines
En triangle.

Le vent dansait
Comme un indien
Bras en signaux
Penché
Dans la plainte des arbres
Et le chant des feuilles
Esprit agile
Qui écarte ses mains
Et voit des branches pousser au bout
Détachées de la lumière

Ainsi parlait le vent
De sa langue muette
Un chant sacré ou se mêle
La gorge de l'oiseau
Et la vibration bleutée
De l'insecte
Dans l'odeur d'écorce
Et de mousse
Au dessus du clapot de l'eau
Et de cîme en cîme
En ombres frémissantes
La trace
Du coureur des bois
Ecrivant sur le soir
Sa prière de gestes
Le pied léger.

Le ciel est un manteau d'orage
Que nous portons à même la peau.



jeudi, avril 24, 2008

Jamais fini...

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Un poème n'est jamais fini, seulement abandonné. - Paul Valéry
A poem is never finished, only abandoned. - Paul Valéry



lundi, avril 21, 2008

Les fruits défendus

Je voudrais bien faire ma cuisine
De la peau de tes mandarines
Croquer la douceur de ta pomme
La noix sur ton baba au rhum

Passer des minutes exquises
Sur les noyaux de tes cerises
Et frotter les poils de ma barbe
Sur le ventre de ta rhubarbe

Je voudrais bien faire mes délices
De ta vanille et ta réglisse
Battre des ailes et faire mon miel
Aux taches de ta mirabelle

Perdre la faim et le sommeil
Sur tous les grains de tes groseilles
Et laisser fondre sous ma langue
La douceur sucrée de ta mangue

Je voudrais bien vivre d’eau fraîche
Sur le teint de ta peau de pèche
Quitte à tomber tout à la fin
Sur les pépins de tes raisins

Faire de tes poires mon dessert
Manger ta prune à la cuillère
Attendre que le monde change
Sur les quartiers de tes oranges

Mais tous tes fruits sont défendus
Les beaux, les cachés, les fendus
J'aurai dû voir et j'ai pas vu
Que tu ne m'aimais même plus

C'est de ma faute de toute façon
J'aurai jamais dû non de non
Tomber amoureux pour de bon
D'une marchande des quatre saisons.

jeudi, avril 17, 2008

Falaise

La terre frissonnait
D’algue et de vent
Face à la mer passible
Un monde en tempête
Au charbon de la pluie
Et pourtant fête paisible
Où le goût
Des larmes
Est bien celui du sel
Elle
En haut de la falaise
Elle se tenait face au vent
Tendue comme une voile
Les cheveux en drapeau
Dans le déclin
Rapide
Du soleil couchant
Elle regardait le ciel
Comme un battement d’aile
Venant frôler sa bouche
Juste un rien qui la touche
Un baiser sur les lèvres
Une question posée
Chaque mot bien pesé
Mais où est-il ce prince
Dont je suis le royaume ?

dimanche, avril 13, 2008

Chagrins d'amour

Il y a
Dans les jardins du Luxembourg
à Paris
Un arbre atteint de
Plagiotropisme
Une anomalie
Qui fait perdre aux branches
leur sens de l'orientation.
Au lieu de pousser vers le haut
En direction du ciel
Elles se contorsionnent
De façon grotesque
Comme si l'arbre se repliait
Sur lui-même
Sous l'effet d'une étrange douleur.
C'est d'autant plus triste
Que cet arbre est
Un Catalpa
L'arbre aux feuilles en forme de cœur.
Toutes ces feuilles qui s'emmêlent
Tous ces coeurs désorientés
Qui rampent au lieu de s’envoler.
A croire que
Les gens font pousser
Leurs chagrins d'amour
Dans les jardins du Luxembourg.

mardi, avril 08, 2008

Le danseur

"Who can tell the dancer from the dance ?"
(Qui peut distinguer le danseur de la danse?)

William Butler Yeats

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