jeudi, septembre 02, 2010

La promesse

Des deux cotés de la fenêtre
Les rideaux s’ouvrent.
Les rideaux sont à carreaux
La fenêtre aussi.

Le jour entre dans la pièce
Comme s’il était chez lui.
La pièce est vide
Le jour aussi.

Le temps passe
Au cadran d’une montre
L’aiguille tourne
La terre aussi.

Le présent s’en va
Rejoindre le passé
Le futur reste,
Moi aussi.

vendredi, août 13, 2010

Aujourd'hui

Dans le soir
Aux yeux crevés d’étoiles
Avec un simple jour
En ligne d’horizon
Comme on cherche le vent
Dans le creux de la voile
Et l’écho d’un retour
Dans les lettres d’un nom
Je murmure l’espoir
Solide comme un pont
Un trait entre deux rives
Où dérive le son
Du froid dans le frisson
L’avenir qui arrive
Et advient comme il vient
Et advient comme il peut
En disant, oui je veux,
Oui j’ai voulu tout ça
Chaque heure chaque pas
C’est ainsi qu’est le monde
Et le monde est en moi,
Et moi je suis la vie
Et rien ne m’assouvis
L’eau noire du désir
Coule au fond de mes veines
Et qu’à cela ne tienne
Je suis et je serais
Au moins autant qu’hier
Quand tout était possible
Le centre de la cible
Et les mots indicibles
Qui se taisent en criant
Leur néant de silence
Un écho sans écho
Qui blafarde la nuit
Comme un oui sur un non
Comme un nom qui s’oublie
Quand on ferme les yeux
Et tout reste en dedans
La même litanie
Je serais et je suis
Comme j’étais avant
Puisque rien ne commence
Et que rien ne finit
Le même temps avance
Et avance et se fuit
J’étais dans le silence
Et je ne suis que bruit
Une infinie patience
Une impatiente nuit
Avant que tout commence
Comme tout a fini
Et qu’hier et demain
Ne soient plus
Qu’aujourd’hui.

Aujourd’hui .

mardi, août 03, 2010

Lavomatic

Au croisement des rues
Une vitrine qui ne s'éteint jamais
Lavomatic
24 heures sur 24
Et dans la lumière
Pâle
Une fille
Qui lave son linge sale
Sans famille

Ses pensées tournent
En couleur
Dans le tambour
Reality show
Ce soir
Sur l'unique programme
Elle lave son linge sale
Sans famille

Devant son panier vide
Un verre de lessive
Et les néons se suivent
Et se ressemblent tous
Et ses yeux
Cherchent l’eau
Derrière le hublot
Comme une autre fenêtre
Entre hier et peut-être
Sur la planète terre

Fermez la porte
Au nez des courants d'air
Quand le soir tombe
Comme une tache d'encre
Que rien n'enlève
La nuit déteint sur tout
Les âmes et les corps
Et le silence d’or
Autour de cette fille
Qui lave son linge sale
Sans famille

En disant Saint Elvis
Va sauver l'Amérique
Dans son costume blanc
Riveté de lumière
En attendant demain
Comme on regrette hier
Une étoile filante
Une lente prière
Mon Dieu
Pourvu qu'il vienne
Le jour de la consolation
Au son des tambours
Du Lavomatic
Où on lave son linge sale
Sans famille.

Un poème tiré d'une série écrite à New York il y a quelques années.

jeudi, juillet 08, 2010

Le Catalpa

Il y a
Dans les jardins du Luxembourg
à Paris
Un arbre atteint de
Plagiotropisme
une anomalie
Qui fait perdre aux branches
leur sens de l'orientation.
Au lieu de pousser vers le haut
En direction du ciel
Elles se contorsionnent
De façon grotesque
Comme si l'arbre se repliait sur lui-même
Sous l'effet d'une étrange douleur.
C'est d'autant plus triste
Que cet arbre est
Un Catalpa
L'arbre aux feuilles en forme de cœur.
Toutes ces feuilles qui s'emmêlent
Tous ces coeurs désorientés
Qui rampent au lieu de s’envoler.
A croire que
C’est là que poussent
Les chagrins d'amour
Dans les jardins du Luxembourg.


Ce texte a été mis en Chanson par Le chanteur/compositeur Brésilien Marcio Faraco (Universal Classic Jazz)

Le faux Accacia

Sais-tu que cet arbre
Là devant nous,
En face de Notre-dame
Est le plus vieil arbre de Paris?
Sais-tu qu'il doit son nom de « Robinier faux-accacia »
Au botaniste Robin
Qui le planta place Dauphine en 1601
Et qu'il fut ensuite déplacé en 1635 pour l'endroit
Où il est aujourd'hui?
Et sais-tu que ce sont en réalité
Ses fleurs
Que les abeilles butinent
Pour faire ce qu'on appelle
Le miel d'Accacia?
Sais-tu tout cela?
Quand j'ai eu épuisé
Toutes mes connaissances sur le sujet
J'ai posé un baiser sur ses lèvres,
Comme on pose à la sauvette un point
A la fin d'une phrase
Pour la terminer.
Ses yeux ont sourit
Je m’en souviens
Et
Elle m’a dit
Que
C'était sans aucun doute
La première déclaration d'amour
En forme d'arbre
Que quelqu'un lui ait jamais faite.

lundi, mars 29, 2010

Bénies soient les femmes

Ils arrachent la terre
A la terre à leurs pieds
Ils tracent des frontières
Pour se les disputer

Ils sèchent les rivières
Brûlent bois et forêts
Font l’été de l’hiver
Inversent les marées

Ils cherchent le profit
Sans même en profiter
Se lancent des défis
Comme on jette les dés

Ils sèment l’injustice
Récoltent la misère
Au bord du précipice
Ils regardent en arrière

Quand on voit ce qu’ils font
Quand on en fait la somme
Oh, bénies soient les femmes
Qui aiment encore les hommes.

Ils se créent des empires
Et des palais de verres
Ils prennent leurs désirs
Pour ce qu’il reste à faire

Ils réclament l’amour
Ne pensent qu’à le faire
Et vivent au jour le jour
Demain pas mieux qu’hier

Quand on voit ce qu’ils font
Quand on en fait la somme
Oh, bénies soient les femmes
Qui aiment encore les hommes.

Ils se donnent raison
Ils se donnent le temps
Exigent le pardon
Mais n’en font pas autant

Ils s’endorment le soir
Blottis, seuls et tremblants
Est-ce qu’habillé de gloire
On est moins nu qu’avant…

Ce texte a été enregistré sur l'album de Daniel Lavoie "Comédies Humaines" (Universal)

lundi, février 22, 2010

Temps mort

Tous les arbres morts se ressemblent
Des branches à fissurer le ciel
Quand ce qui vit résiste et tremble
A chauffer son corps au soleil

L’hiver peut faire tomber les feuilles
La nudité baisser les yeux
Les pensées, portées comme un deuil
Soufflent la fumée loin du feu

Le sentier griffe la froidure
Partage la terre au milieu
Le prédateur ou sa pâture
Quand on y marche, on est les deux

La morsure des chiens du vent
Y déchire sa part de chair
En lambeaux de larmes et de temps
A saigner l’or sous la lumière

Et l’on reste là sous le ciel
A chercher des yeux l’horizon
Dans le moindre battement d’aile
Qui se glace comme un frisson

En attendant que la nuit vienne
Celle-là ou celle d’après
Pour que le temps nous désapprenne
Ou nous oublie comme un regret.