vendredi, août 13, 2010

Aujourd'hui

Dans le soir
Aux yeux crevés d’étoiles
Avec un simple jour
En ligne d’horizon
Comme on cherche le vent
Dans le creux de la voile
Et l’écho d’un retour
Dans les lettres d’un nom
Je murmure l’espoir
Solide comme un pont
Un trait entre deux rives
Où dérive le son
Du froid dans le frisson
L’avenir qui arrive
Et advient comme il vient
Et advient comme il peut
En disant, oui je veux,
Oui j’ai voulu tout ça
Chaque heure chaque pas
C’est ainsi qu’est le monde
Et le monde est en moi,
Et moi je suis la vie
Et rien ne m’assouvis
L’eau noire du désir
Coule au fond de mes veines
Et qu’à cela ne tienne
Je suis et je serais
Au moins autant qu’hier
Quand tout était possible
Le centre de la cible
Et les mots indicibles
Qui se taisent en criant
Leur néant de silence
Un écho sans écho
Qui blafarde la nuit
Comme un oui sur un non
Comme un nom qui s’oublie
Quand on ferme les yeux
Et tout reste en dedans
La même litanie
Je serais et je suis
Comme j’étais avant
Puisque rien ne commence
Et que rien ne finit
Le même temps avance
Et avance et se fuit
J’étais dans le silence
Et je ne suis que bruit
Une infinie patience
Une impatiente nuit
Avant que tout commence
Comme tout a fini
Et qu’hier et demain
Ne soient plus
Qu’aujourd’hui.

Aujourd’hui .

mardi, août 03, 2010

Lavomatic

Au croisement des rues
Une vitrine qui ne s'éteint jamais
Lavomatic
24 heures sur 24
Et dans la lumière
Pâle
Une fille
Qui lave son linge sale
Sans famille

Ses pensées tournent
En couleur
Dans le tambour
Reality show
Ce soir
Sur l'unique programme
Elle lave son linge sale
Sans famille

Devant son panier vide
Un verre de lessive
Et les néons se suivent
Et se ressemblent tous
Et ses yeux
Cherchent l’eau
Derrière le hublot
Comme une autre fenêtre
Entre hier et peut-être
Sur la planète terre

Fermez la porte
Au nez des courants d'air
Quand le soir tombe
Comme une tache d'encre
Que rien n'enlève
La nuit déteint sur tout
Les âmes et les corps
Et le silence d’or
Autour de cette fille
Qui lave son linge sale
Sans famille

En disant Saint Elvis
Va sauver l'Amérique
Dans son costume blanc
Riveté de lumière
En attendant demain
Comme on regrette hier
Une étoile filante
Une lente prière
Mon Dieu
Pourvu qu'il vienne
Le jour de la consolation
Au son des tambours
Du Lavomatic
Où on lave son linge sale
Sans famille.

Un poème tiré d'une série écrite à New York il y a quelques années.