lundi, juillet 01, 2013

La beauté du geste


Ce soir la nuit tombe de haut
Un miroir en mille morceaux
Autant d’éclats d’étoiles éteintes
Les ombres nues d’aucune étreinte

Le vide remplit tout, au fond
Comme un sol devenu plafond
La solitude prend ses aises
Les bras croisés, là, sur ma chaise

Elle me parle comme on se tait
Depuis le temps qu’on se connaît
Pas besoin de se dire les choses
Elles restent là où on les pose

A l’endroit où le mal est fait
Comme un lit qui reste défait
Tout ce qu’on avait qu’on n’a plus
Ce qu’il y a en nous de vaincu

Alors, on relève la tête
On fait du soir un air de fête
Juste pour la beauté du geste
On se dit tout part, moi je reste…

dimanche, février 12, 2012

La moitié de moi

Comme un éclair sur un fond noir,
Avant l'orage
Comme une eau claire, un ciel à boire,
Tout en nuages
Comme une étoile au fond du soir,
Cherche un passage

J'attends j'attendrai, j'attendrai j'attends

Comme la chair attend la chair,
Dans le désir
Comme le sombre attend le clair 
Pour s'évanouir
Comme le feu attend le fer
Pour mieux s'offrir,

J'attends j'attendrai, j'attendrai j'attends

J'attendrai ton pas
Au pas de la porte
La moitié de moi
Que le jour emporte
J'attendrai ta voix
Tous les mots qui sortent
La moitié de moi
Que c'est toi qui portes

Comme une pierre sur une bague,
Un coeur serti
Comme une lettre un signe un tag,
Au lieu d'un cri
Comme la mer de vague en vague,
En vis à vis

J'attends j'attendrai, j'attendrai j'attends

Comme l'amour attend l'amour,
à dire, à faire
Comme la nuit attend le jour,
Et sa lumière
Comme jamais attend toujours,
Pour tout refaire

J'attends j'attendrai, j'attendrai j'attends

J'attendrai ton pas
Au pas de la porte
La moitié de moi
Que le jour emporte
J'attendrai ta voix
Tous les mots qui sortent
La moitié de toi
Que c'est moi qui porte...

Ce texte mis en chanson par Daniel Lavoie figure sur l'album "comédies humaines" (Universal).

jeudi, août 18, 2011

La traversée


De quel jour sommes nous la nuit
De quelle nuit sommes nous le nom
De quelles rues sommes nous le bruit
De quelle danse sommes nous le son

De quel souffle sommes nous la trace
De quelle trace sommes nous le fil
De quelle pluie sommes nous les larmes
De quelles armes sommes nous le cri

De quel âge sommes nous le temps
De quel temps sommes nous le compte
De quel coeur sommes nous le sang
De quel front sommes nous la honte

De quelle loi sommes nous les murs
De quel droit sommes nous le signe
De quelle prière, le murmure
Et de quel horizon la ligne

De quel espoir sommes nous les rêves
De quel avenir, le destin
De quel bois sommes nous la sève
Et de quelle douleur, le chagrin

De quelle couleur sommes nous l'absence
De quel sentiment, la passion
De quels mots sommes nous le silence
De quel jugement, le pardon

De quelle fuite sommes nous la peur
De quel sentier, les premiers pas
De quelle étoile, la lueur
De quelle espérance, la foi

De quel sol sommes nous la terre
De quel abandon, les amants
De quelle vérité, le mystère
De quel feu, les charbons ardents

De quelle voix sommes nous la foule
De quelle frontière, la limite
De quel océan sommes nous la houle
De quel commencement, la suite

De quel siècle sommes nous faits?

mercredi, février 09, 2011

L'instant

C'est quelque chose de léger
Un bonheur simple
Une inspiration d'air
Rien
Une idée qui vient
Sans raison:
Prendre un morceau du silence
Et le tenir dans le creux de sa main
Comme ça!

jeudi, septembre 02, 2010

La promesse

Des deux cotés de la fenêtre
Les rideaux s’ouvrent.
Les rideaux sont à carreaux
La fenêtre aussi.

Le jour entre dans la pièce
Comme s’il était chez lui.
La pièce est vide
Le jour aussi.

Le temps passe
Au cadran d’une montre
L’aiguille tourne
La terre aussi.

Le présent s’en va
Rejoindre le passé
Le futur reste,
Moi aussi.

vendredi, août 13, 2010

Aujourd'hui

Dans le soir
Aux yeux crevés d’étoiles
Avec un simple jour
En ligne d’horizon
Comme on cherche le vent
Dans le creux de la voile
Et l’écho d’un retour
Dans les lettres d’un nom
Je murmure l’espoir
Solide comme un pont
Un trait entre deux rives
Où dérive le son
Du froid dans le frisson
L’avenir qui arrive
Et advient comme il vient
Et advient comme il peut
En disant, oui je veux,
Oui j’ai voulu tout ça
Chaque heure chaque pas
C’est ainsi qu’est le monde
Et le monde est en moi,
Et moi je suis la vie
Et rien ne m’assouvis
L’eau noire du désir
Coule au fond de mes veines
Et qu’à cela ne tienne
Je suis et je serais
Au moins autant qu’hier
Quand tout était possible
Le centre de la cible
Et les mots indicibles
Qui se taisent en criant
Leur néant de silence
Un écho sans écho
Qui blafarde la nuit
Comme un oui sur un non
Comme un nom qui s’oublie
Quand on ferme les yeux
Et tout reste en dedans
La même litanie
Je serais et je suis
Comme j’étais avant
Puisque rien ne commence
Et que rien ne finit
Le même temps avance
Et avance et se fuit
J’étais dans le silence
Et je ne suis que bruit
Une infinie patience
Une impatiente nuit
Avant que tout commence
Comme tout a fini
Et qu’hier et demain
Ne soient plus
Qu’aujourd’hui.

Aujourd’hui .

mardi, août 03, 2010

Lavomatic

Au croisement des rues
Une vitrine qui ne s'éteint jamais
Lavomatic
24 heures sur 24
Et dans la lumière
Pâle
Une fille
Qui lave son linge sale
Sans famille

Ses pensées tournent
En couleur
Dans le tambour
Reality show
Ce soir
Sur l'unique programme
Elle lave son linge sale
Sans famille

Devant son panier vide
Un verre de lessive
Et les néons se suivent
Et se ressemblent tous
Et ses yeux
Cherchent l’eau
Derrière le hublot
Comme une autre fenêtre
Entre hier et peut-être
Sur la planète terre

Fermez la porte
Au nez des courants d'air
Quand le soir tombe
Comme une tache d'encre
Que rien n'enlève
La nuit déteint sur tout
Les âmes et les corps
Et le silence d’or
Autour de cette fille
Qui lave son linge sale
Sans famille

En disant Saint Elvis
Va sauver l'Amérique
Dans son costume blanc
Riveté de lumière
En attendant demain
Comme on regrette hier
Une étoile filante
Une lente prière
Mon Dieu
Pourvu qu'il vienne
Le jour de la consolation
Au son des tambours
Du Lavomatic
Où on lave son linge sale
Sans famille.

Un poème tiré d'une série écrite à New York il y a quelques années.

jeudi, juillet 08, 2010

Le Catalpa

Il y a
Dans les jardins du Luxembourg
à Paris
Un arbre atteint de
Plagiotropisme
une anomalie
Qui fait perdre aux branches
leur sens de l'orientation.
Au lieu de pousser vers le haut
En direction du ciel
Elles se contorsionnent
De façon grotesque
Comme si l'arbre se repliait sur lui-même
Sous l'effet d'une étrange douleur.
C'est d'autant plus triste
Que cet arbre est
Un Catalpa
L'arbre aux feuilles en forme de cœur.
Toutes ces feuilles qui s'emmêlent
Tous ces coeurs désorientés
Qui rampent au lieu de s’envoler.
A croire que
C’est là que poussent
Les chagrins d'amour
Dans les jardins du Luxembourg.


Ce texte a été mis en Chanson par Le chanteur/compositeur Brésilien Marcio Faraco (Universal Classic Jazz)

Le faux Accacia

Sais-tu que cet arbre
Là devant nous,
En face de Notre-dame
Est le plus vieil arbre de Paris?
Sais-tu qu'il doit son nom de « Robinier faux-accacia »
Au botaniste Robin
Qui le planta place Dauphine en 1601
Et qu'il fut ensuite déplacé en 1635 pour l'endroit
Où il est aujourd'hui?
Et sais-tu que ce sont en réalité
Ses fleurs
Que les abeilles butinent
Pour faire ce qu'on appelle
Le miel d'Accacia?
Sais-tu tout cela?
Quand j'ai eu épuisé
Toutes mes connaissances sur le sujet
J'ai posé un baiser sur ses lèvres,
Comme on pose à la sauvette un point
A la fin d'une phrase
Pour la terminer.
Ses yeux ont sourit
Je m’en souviens
Et
Elle m’a dit
Que
C'était sans aucun doute
La première déclaration d'amour
En forme d'arbre
Que quelqu'un lui ait jamais faite.

lundi, mars 29, 2010

Bénies soient les femmes

Ils arrachent la terre
A la terre à leurs pieds
Ils tracent des frontières
Pour se les disputer

Ils sèchent les rivières
Brûlent bois et forêts
Font l’été de l’hiver
Inversent les marées

Ils cherchent le profit
Sans même en profiter
Se lancent des défis
Comme on jette les dés

Ils sèment l’injustice
Récoltent la misère
Au bord du précipice
Ils regardent en arrière

Quand on voit ce qu’ils font
Quand on en fait la somme
Oh, bénies soient les femmes
Qui aiment encore les hommes.

Ils se créent des empires
Et des palais de verres
Ils prennent leurs désirs
Pour ce qu’il reste à faire

Ils réclament l’amour
Ne pensent qu’à le faire
Et vivent au jour le jour
Demain pas mieux qu’hier

Quand on voit ce qu’ils font
Quand on en fait la somme
Oh, bénies soient les femmes
Qui aiment encore les hommes.

Ils se donnent raison
Ils se donnent le temps
Exigent le pardon
Mais n’en font pas autant

Ils s’endorment le soir
Blottis, seuls et tremblants
Est-ce qu’habillé de gloire
On est moins nu qu’avant…

Ce texte a été enregistré sur l'album de Daniel Lavoie "Comédies Humaines" (Universal)

lundi, février 22, 2010

Temps mort

Tous les arbres morts se ressemblent
Des branches à fissurer le ciel
Quand ce qui vit résiste et tremble
A chauffer son corps au soleil

L’hiver peut faire tomber les feuilles
La nudité baisser les yeux
Les pensées, portées comme un deuil
Soufflent la fumée loin du feu

Le sentier griffe la froidure
Partage la terre au milieu
Le prédateur ou sa pâture
Quand on y marche, on est les deux

La morsure des chiens du vent
Y déchire sa part de chair
En lambeaux de larmes et de temps
A saigner l’or sous la lumière

Et l’on reste là sous le ciel
A chercher des yeux l’horizon
Dans le moindre battement d’aile
Qui se glace comme un frisson

En attendant que la nuit vienne
Celle-là ou celle d’après
Pour que le temps nous désapprenne
Ou nous oublie comme un regret.

lundi, décembre 07, 2009

Les loups

Sur mes lèvres, tu viendras boire
Comme les loups au petit jour
Dans le remous de mes eaux noires
Je te retiendrai sans retour
Sur mon ventre, tu poseras
Ton ventre, vague sur la vague
Et dans mes bras tu dormiras
Comme dans son étui la dague

Et à l’heure où les loups se mordent
Dans la neige aux draps blanc cassé
Nous serons deux mots qui s’accordent
Nous serons deux cordes nouées

Sur ta peau, je ferai ma route
Bouche ouverte et bouche fermée
Tes lignes je les suivrai toutes
Et toutes je les apprendrai
Sur ton corps, je prendrai racine
La sève est lente et prend son temps
Mes gestes brûlent et se calcinent
Comme à la lave d’un volcan

Et à l’heure où les loups se mordent
Dans la neige aux draps blanc cassé
Nous serons deux mots qui s’accordent
Nous serons deux cordes nouées

Sur tes ailes, je m’envolerai
Comme le vent qui porte haut
Un ciel plus loin, un ciel après
De pays tendre en pays chaud

Et à l’heure où les loups se mordent
Dans la neige aux draps blanc-cassé
Nous serons deux mots qui s’accordent
Nous serons deux cordes nouées..

Encore un texte adapté en musique par mon ami Daniel Lavoie... Une chanson d'hiver. Mon pays ce n'est pas un pays.... album comédies humaines (Universal)

mercredi, novembre 18, 2009

De A à Z

C'était un joueur de Jazz
Qui s'appelait Anastase
Il arrivait du Caucase
Dans un vieux camion d'occase

Une fille aux yeux topaze
Rencontrée dans un gymnase
Lui lança comme un ukase
Viens par là que l'on se case

C'est fou comme le coeur s'embrase
Dès qu'on parle avec emphase
Notre beau joueur de Jazz
En tomba comme en extase

La fille, sans périphrase
Etait belle comme Cameron Diaz
Mais aussi, et c'est plus naze
Plus jalouse qu'Alcatraz

Quand y'a de l'eau dans le gaz
"to be" se transforme en "was"
Le bonheur se kamikaze
Comme un mégot qu'on écrase

Bientôt la coupe fût rase
Et notre cher Anastase
Jouant les fils de pégase
Largua la fille à La Paz

Comme un point finit la phrase
La morale est bien narquoise
L'amour meurt dès qu'on s'en blase
Comme une fleur dans un vase.